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Sur un article de M. Toni Negri

17 Déc

Communiqué du parti de l’In-nocence publié sur son site le jeudi 16 décembre.

Le parti de l’In-nocence prend connaissance avec le plus grand intérêt d’un article du philosophe italien Toni Negri selon lequel, d’après le titre même, « Nous n’avons pas besoin d’un peuple européen ». M. Negri, fidèle au concept qu’il a maintes fois avancé, mais l’appliquant résolument à notre continent, appelle à définir l’Europe comme « une multitude civile ».

Le parti de l’In-nocence est heureux de reconnaître une pensée qui soit si radicalement et diamétralement opposée à ses propres conceptions. Il note que M. Negri parle à plusieurs reprises de « scène » européenne et juge le terme hautement significatif. L’homme de la multitude negrienne et l’Europe que le philosophe appelle de ses vœux relèvent l’un et l’autre du théâtre et ont en commun d’être encore, par chance, des fictions. Ils supposent, heureusement, une humanité imaginaire. Sur un point au moins, toutefois, cette humanité affleure de plus en plus expressément au réel : c’est la déculturation. M. Negri fonde grandes espérances sur la culture et il y fait largement référence mais — son choix de mots l’implique assez — sa multitude aux singularités sans autres identités qu’elles-mêmes, redondantes, ipséistes, ne saurait être qu’hébétée et violente. M. Negri, plus ou moins consciemment, le sait bien, qui ne s’enthousiasme pas par hasard, chez Henri Michaux, pour le terme de « barbares ». Ce n’est en effet que de barbares que peut être composée la « multitude européenne » qu’il nous décrit : sa vision n’implique pas seulement, malgré qu’il en ait, la déculturation que nous observons à l’œuvre de toute part, mais la décivilisation dont nous voyons pointer tant d’indices.

Lire l’article du philosophe Toni Negri

Sur un rapport inédit de l’Observatoire des zones urbaines sensibles

17 Déc

Communiqué du parti de l’In-nocence publié sur son site le mercredi 15 décembre.

Le parti de l’In-nocence remarque, à l’occasion de la publication par le journal « Le Monde » d’un rapport inédit de l' »Observatoire des zones urbaines sensibles », à quel point la langue se venge et combien des expressions aussi ridicules et mensongères que « quartiers populaires » (dans sa nouvelle acception) ou « zones urbaines sensibles » rendent absolument impossible toute appréhension de la réalité des situations — mais sans doute est-ce pour cela qu’elles ont été inventées…

Le parti de l’In-nocence note que cette volonté de ne pas voir la réalité est portée par « Le Monde » jusqu’au point de l’affirmation tout à fait erronée puisque le titre et l’imprécision de l’article lui-même suggèrent que quarante-trois pour cent des jeunes hommes de ces quartiers sont au chômage, alors qu’il s’agit de quarante-trois pour cent des jeunes hommes actifs, soit moins de vingt pour cent de la population concernée, ce qui, tout en étant élevé, ne l’est pas de la même manière.

Le parti de l’In-nocence relève que ces chiffres effrayants du chômage des jeunes adultes actifs dans ces dites « zones urbaines sensibles » gagneraient sans doute, avant d’être interprétés comme les signes d’inégalités considérables au sein de la société française (dont celle-ci est implicitement rendue responsable) à être confrontés à ce qu’ils sont dans les pays d’origine des familles de ces jeunes adultes actifs, ce qui permettrait de voir en eux une constante de civilisation, à laquelle, il est vrai, la société française est éminemment propice. Que sept pour cent des habitants quittent le quartier et soient remplacés « par de nouveaux habitants, généralement en situation de précarité accrue par rapport aux partants » montre assez, au demeurant, combien les situations prétendument décrites ou analysées ne sauraient l’être, en fait, sans une prise en compte sérieuse de l’immigration de masse et de ses conséquences — lesquelles offrent matière, en effet, à un accroissement continu des inégalités, difficilement dénonçable, en bonne logique, par les champions de cette même immigration.

Occupation de trottoirs par des musulmans : une voie sans issue ?

13 Déc

«Il y a quinze ans on a eu le voile, il y avait de plus en plus de voiles. Puis il y a eu la burqa, il y a eu de plus en plus de burqa. Et puis il y a eu des prières sur la voie publique. D’abord c’était rue Myrrha, et maintenant il y a dix ou quinze endroits où, de manière régulière, un certain nombre de personnes viennent pour accaparer les territoires. Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c’est une occupation du territoire. C’est une occupation de pans du territoire, des quartiers dans lesquels la loi religieuse s’applique, c’est une occupation. Certes y’a pas de blindés, y’a pas de soldats, mais c’est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants». La voici la partie incriminée du discours de Marine Le Pen, prononcée à Lyon le vendredi 10 décembre.

Toute la classe politique y est allée de son petit commentaire outré, mais surfait. « C’est bien la fille de son père », sourit Pierre Moscovici, ravi de tenir enfin « le détail de la Seconde Guerre mondiale » de Marine. Même son de cloche chez son camarade SOS-raciste Harlem Désir qui considère qu’« on est au-delà de toute indignité. On nous avait fait croire à un moment que sous son visage avenant Marine Le Pen allait permettre un tournant du Front national, qu’elle avait peut-être rompu avec l’extrémisme, le racisme et l’antisémitisme de son père. Il n’en est rien. ». Et de démontrer une fois encore une délirante et séditieuse « envie de pénal » si bien disséquée par Philippe Muray : « Cela relève à mon avis des tribunaux et j’espère qu’elle sera fermement condamnée par la justice de la République » comme le PCF qui demande « la condamnation de ces propos injurieux et racistes ». Pour crédibiliser son indignation, Arnaud Montebourg nous invite dans son intimité : « Je veux répondre à Mme Le Pen en évoquant la mémoire de mon grand-père, un Arabe d’Algérie qui a combattu l’armée d’occupation nazie parce qu’il servait et aimait la France. Cette déclaration est une injure à ceux qui, arabes, africains, musulmans ou non, sont morts pour la France, ceux-là même qui ont libéré le territoire national pendant que votre père, madame le Pen, trouvait des circonstances atténuantes à l’occupation nazie ».

Dans un communiqué commun, Kader Arif, Stéphane Le Foll, Bruno Le Roux, membres du Bureau national des socialistes, et Faouzi Lamdaoui, membre du Conseil national du PS ne font pas non plus dans la dentelle et l’esprit nuancé : « Marine Le Pen sort l’oriflamme fasciste, elle déborde son père sur le terrain de l’extrémisme. Le lepenisme jette le masque et montre, au grand jour, le visage hideux qu’il veut donner à notre pays », écrivent-ils. Pour eux, le discours de Marine Le Pen « s’attaque directement à la laïcité qui garantit la liberté du culte à toutes les religions, et aux principes constitutionnels qui établissent l’égalité absolue de tous les citoyens et fondent la République ». Et de conclure, sans doute l’œil rouge et le poing levé : « Jamais, depuis la seconde guerre mondiale, où des centaines de milliers de musulmans ont laissé leur vie sur les champs de bataille pour la libération de la France, un tel discours de haine n’a été tenu par des Français contre d’autres Français. La surenchère xénophobe accouche aujourd’hui de la bête immonde que l’humanité croyait à jamais éteinte ».

Pas mieux à l’UMP. « Marine Le Pen, c’est son père ! Il faut arrêter de se mentir, c’est exactement la même personnalité que celle de son père. […]C’est exactement les mêmes techniques que son père, les mêmes amalgames, et, il faut bien le dire, les mêmes propos », s’est écrié Jean-François Copé. « On a eu trop l’habitude par le passé avec Jean-Marie Le Pen t’entendre ce type de propos qui sont inacceptables. C’est la démonstration qu’à ceux qui pensaient qu’elle n’était pas exactement la copie conforme de son père elle apporte la démonstration inverse », analyse quant à lui Luc Chatel. Arrêtons-nous là, cette battologie donnerait presque le tournis. Une réaction sort du lot, celle de Martine Aubry. La patronne du PS nous a régalés d’un aberrant anachronisme dont seuls les sectateurs du kitsch moderne ont le secret : « Donner des leçons aux petits-enfants de ceux qui ont libéré Marseille par ceux qui appartiennent à un parti qui a collaboré, c’est scandaleux. » Cherchez l’erreur, facile me répondrez-vous. Nos commentateurs n’ont pourtant pas jugé utiles de relever l’ânerie, plus intéressés à décortiquer le rôle du gouvernement dans les complications causées par la neige à Paris. Faut-il rappeler que le Front national a été créé en 1972 ? Les gens de mauvaise fois objecteront qu’elle parlait de la genèse du FN. Et bien parlons-en. Plusieurs cadres du parti ont collaboré pendant la Seconde Guerre mondiale comme Pierre Bousquet et François Brigneau par exemple, mais le FN compte dès ses débuts parmi ses membres d’anciens résistants comme Roger Holeindre et … Jean-Marie Le Pen. La gauche est très mal placée pour donner des leçons sur la collaboration. Quelques faits méritent d’être rappelés (sources : Jean Sévillia – Historiquement correct et Wikipedia. Pour approfondir ce sujet : Un paradoxe français de Simon Epstein)

– Le Front Populaire accepte de donner les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Héros de la guerre 14-18, il est considéré par toute la classe politique comme un homme de consensus.

– Marcel Déat, rival de Léon Blum pour la direction de la SFIO (l’ancêtre du PS) fait de L’Oeuvre, le principal journal de la colloboration. Inventeur du terme « collaborationnisme », il est membre de la Milice et du comité des amis de la Walffen SS. Il entre le 16 mars 1944 dans le gouvernement de Vichy comme ministre du travail et de la solidarité nationale de Pierre Laval.

– Pierre Laval vient de la gauche. En 1914, il est élu député SFIO d’Aubervilliers.

– René Belin, ancien dirigeant de la CGT, devient ministre du Travail de Pétain du 14 juillet 1940 au 18 avril 1942.

– Max Bonnafous, candidat malheureux du Front populaire aux élections législatives de 1936, est secrétaire d’État puis ministre de l’Agriculture et du ravitaillement de 1942 à 1944.

– François Chasseigne est élu député en 1932 sous l’étiquette Groupe d’unité ouvrière et réélu en 1936 alors inscrit au groupe du Parti d’unité prolétarienne. Il rejoint ensuite la SFIO pour finalement assurer plusieurs rôles clés sous Pétain et notamment le poste de secrétaire d’État à l’agriculture et au ravitaillement dans le cinquième gouvernement Pierre Laval.

– Jacques Doriot est secrétaire général de la Jeunesse communiste  Il est exclu du Parti communiste en 1934 après avoir créé un Comité de Défense Antifasciste avec des membres de la SFIO et du Parti radical et radical-socialiste. En 1936, il fonde le Parti populaire français (PPF). Durant la guerre, Doriot est un partisan radical de la collaboration. Il contribue, ainsi, à la création de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) et combat personnellement sous l’uniforme allemand sur le front russe, avec le grade de lieutenant.

– François Mitterrand a été membre pendant la guerre de Légion française des combattants, l’organisation vichyste des anciens combattants et est décoré de la Francisque de Vichy.

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Autrement dit, il est simplificateur et mensonger d’assimiler le FN à la collaboration et la gauche à la résistance. Mais intéressons-nous au cœur du sujet abordé par Marine Le Pen : les prières de musulmans dans la rue, en France. Premier point, ce n’est pas un mythe, des vidéos amateurs l’attestent : des fidèles s’installent régulièrement sur des trottoirs pour prier, plaçant parfois des barrières pour interdire l’accès aux passants. Un phénomène observé à Paris, dans le quartier de Barbès notamment, mais aussi à Puteaux, à Clichy et à Marseille. « Jamais le Maire de Paris ne laissera une seule barrière dans les rues de Paris, c’est un mensonge ! », avait déclaré le socialiste Razzy Hammadi en novembre 2009 dans l’émission  7 à voir (France 3) face à Marine Le Pen. Le déni de réalité a décidemment de beaux jours devant lui.

Ces attitudes religieuses ont de quoi choquer la France, attachée à sa laïcité. Mais la vraie question derrière ce problème – car il s’agit bien d’un problème – est faut-il construire plus de mosquées ? Et comment les financer ? «Aujourd’hui, les maires sont les premiers bâtisseurs de mosquées», déclare Dalil Boubakeur, ancien président du Conseil français du culte musulman (CFCM), en 2008 dans Le Figaro.

L’article 2 de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, appelée loi de 1905, stipule que « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Bon nombre de maires seraient-ils alors hors-la-loi ? « Malins » seraient plus à propos. Comme on peut le lire dans Libération, « pour aider les musulmans à se doter de lieux de culte, la plupart des communes utilisent un artifice juridique. Elles mettent à leur disposition un terrain sous forme de bail emphytéotique (d’une durée de quatre-vingt-dix-neuf ans) contre un loyer symbolique » (un euro par exemple). « Autre ficelle, commente L’Express, les municipalités subventionnent les activités culturelles du futur lieu de culte. A Montpellier, l’ancien maire (PS), Georges Frêche, avait même financé la construction d’une salle, officiellement polyvalente, officieusement cultuelle ». La justice avait d’ailleurs considéré ce financement « illégal ». Autres astuces des municipalités : la garantie d’emprunt pour la construction ou encore l’exonération des taxes foncière et d’habitation. Ces petits arrangements peuvent donner l’impression à juste titre, d’une remise en cause de la laïcité et d’un traitement de favoritisme vis-à-vis de l’Islam par rapport aux autres religions. Sr ce point, il faut rappeler que la loi prévoit que l’entretien et la conservation des églises catholiques, construites avant 1905, soient à la charge des collectivités publiques. Et depuis 1942, les sommes allouées pour les réparations des édifices cultuels ne sont pas considérées comme des subventions. Mais la chrétienté fait partie intégrante de l’histoire de France, et ce depuis bientôt 2000 ans. Ce n’est pas une religion comme les autres. L’entretien des temples protestants et des synagogues est également pris en chargé par les collectivités publiques. Alors pourquoi les mosquées devraient-elles faire exception? Notons également que sans intervention des mairies, les mosquées seraient financées par des pays musulmans (l’Arabie saoudite par exemple), des ONG islamiques ou des fondations privées et des dérives extrémistes voire terroristes dans les prêches de l’Imam comme on pu le voir seraient plus que probables. Et cela a déjà été le cas. Par exemple, la mosquée de Lyon a été financée très largement par l’Arabie saoudite, et celle d’Evry par la Ligue islamique mondiale.

La vraie question (et c’est celle qui turlupine les  Français) est de savoir si l’Islam est soluble dans notre culture, notre mode de vie, notre art de vivre, nos valeurs, notre République. L’Islam est-il simplement une religion ou un code juridique et moral supérieur aux lois des hommes ? Justifier la lapidation, prôner l’apostasie ou revendiquer la violence envers les femmes … Toutes ces normes sont-elles uniquement proclamées par les salafistes ? Comme beaucoup de Français, je connais des musulmans qui acceptent les principes de la République et mieux, les partagent. C’est une autre question de savoir si dans des territoires à dominance musulmane, nos principes et nos lois ne seront pas amenés à voler en éclats. On assiste déjà à des territoires qui se détachent des lois de la République. Les aménagements d’horaires pour permettre aux femmes de ne pas nager avec les hommes n’est pas une fable. Il en va de même pour les demandes de plus en plus pressantes d’instaurer du hallal pour tous dans les cantines scolaires par exemple, de revisiter l’histoire et les sciences naturelles, ou les faits divers non anecdotiques liés à l’osculation de patientes musulmanes par des médecins hommes.

Alors que faire ? Interdire la construction de mosquées ne me paraît pas une solution convenable, privatiser des trottoirs pour la prière non plus, « toiletter » la loi de 1905 pour permettre à l’Etat de financer officiellement les lieux de culte comme le souhaitait Nicolas Sarkozy non plus.

Selon moi, les mosquées doivent s’inscrire dans le vieux paysage français, cessons d’autoriser la construction de mosquées-cathédrales. Les imams doivent être Français ou formés en France. Sur ce dernier point, la formation mise en place par la Grande Mosquée et la Catho est une initiative pertinente. Quant au financement des mosquées, les combines des municipalités ne me paraissent pas être une mauvaise solution, à la condition que les autres religions soient traitées à l’identique.

Marine Le Pen s’est depuis expliquée sur ce que l’UMPS (l’expression est on ne peut plus appropriée en la circonstance) appelle son « dérapage » ou la démonstration « qu’elle est bien la fille de son père » (elle ne dire sûrement pas le contraire…). Elle a donné une conférence de presse ce lundi 13 décembre au siège du FN. Je partage son refus de voir des rues « occupées » (le mot ne me semble pas outrageant) pour des prières, et « l’islamisation de la France » ne me paraît pas être un slogan dénué de bon sens. Je constate en revanche que pas une fois dans son discours, Marine Le Pen ne prononce le mot « mosquée » alors que la question de la construction de lieux de culte musulmans est primordiale dans cette affaire.

Les casseurs de thermomètre

5 Déc

Chronique de Jean-Paul Brighelli publiée dansValeurs Actuelles jeudi 2 décembre.

Un quarteron de spécialistes qui n’ont jamais fait classe plaide depuis trois semaines, dans divers médias, pour la suppression des notes. À l’école primaire d’abord, et plus loin si affinités. Ils devraient se renseigner.

Voilà vilaine lurette que les “professeurs des écoles” utilisent des systèmes alternatifs, pastilles de couleur, ceintures distinctives, petits bonshommes souriants ou croix dans des petites cases. Les chantres du laxisme (les sociologues François Dubet ou Marie Duru-Bellat, inspirateurs du programme du PS sur l’éducation) applaudissent des deux mains. Camille Bedin, jeune déléguée de l’UMP à l’égalité des chances, ânonne la même chose. Qu’Axel Kahn, Boris Cyrulnik et Marcel Rufo, qui traitent chaque jour des souffrances réelles, aient pu croire que l’angoisse supposée des enfants découle du système de notation laisse pantois. Rien d’étonnant en revanche à ce que cette protestation soit relayée par les médias qui trouvent que Peter Gumbel, héraut de la sweet attitude, a quelque chose à dire, puisqu’il n’y connaît rien.

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